J'ai eu la chance de pouvoir participer à ce premier think tank organisé par l'association Architecture et Maîtres d'Ouvrages de la région Aquitaine.

Etaient présents des Maîtres d'Ouvrages, des Bureaux d'Etudes, des Economistes, des Architectes, entre autres.

Après un état des lieux et un bilan des actions gouvernementales en cours exposés par Bertrand DELCAMBRE (président du plan transition numérique dans le bâtiment), différents intervenants ont pu présenter des projets en cours de réalisation, des développements en gestation, des outils et des moyens de travailler avec le numérique et en BIM.

Cet exercice difficile, qui consiste à être assez généraliste pour que chaque auditeur s'y retrouve sans être trop vague sur les tenants et les aboutissants, a permis de mettre en évidence plusieurs aspects de la transition en cours durant les échanges qui s'en sont suivis :

- Tout d'abord, comme tout changement, cela induit de l'anxiété de la part des acteurs qui doivent s'adapter. En cause et dans le désordre : la question de la monétisation (ou du retour sur investissement) de la mise en application du BIM, la question de la répartition des honoraires de maîtrise d'œuvre dans le processus de production (le BIM induit souvent une anticipation des phases du modèle loi MOP), la question de l'aspect juridique (propriété intellectuelle et responsabilité juridique). Sans s'étendre sur ces sujets ici, il est clair que les incertitudes induites par le manque de recul et d'expérience collective sont un frein à l'investissement, même si beaucoup montrent pourtant de l'intérêt pour ce changement de méthode.

- Concernant la situation des acteurs susceptibles d'appliquer les méthodologies du BIM, constat a été fait que beaucoup d'acteurs du secteur sont des TPE ou PME, que les équipes présidant à la mise en œuvre de nouveaux projets sont recomposées à chaque fois, que les méthodes de chacun varient d'un projet à l'autre et que les outils sont en évolution permanente. Dans cette situation, comment s'assurer que la pertinence du BIM soit renouvelée à chaque fois? L'open BIM est-il un moyen de s'en assurer? Les actions telles que celles menées pas Domolandes permettront-elles de rapprocher les acteurs en leur donnant les moyens qu'ils n'ont pas à titre individuel?

- Sur un aspect plus théorique, lorsque la notion de BIM est abordée, il y a encore confusion entre les outils et la méthode. En dehors des guerres de clochers qui ont lieu entre les évangélistes des différents softs, il est évident que les éditeurs cherchent à s'assurer d'un maximum d'utilisateurs de leurs solutions. Et ceci semble porter à confusion chez beaucoup d'acteurs qui pensent parfois, que faire du BIM se résume à utiliser une suite logicielle. Force est de constater que l’interopérabilité portée par beaucoup est encore un vœux pieux, même si des marques de volonté peuvent être observées.

- Enfin, la formation semble rester un domaine encore à organiser, tant pour les professionnels que pour les étudiants, même si les premiers retours des filières techniques et professionnelles semblent pour le moins intéressants. Encore une fois, c'est un chantier qui perdra du temps avant d'en voir les effets concrets dans le monde professionnel et amènera peut-être à la création de nouveaux métiers.

- En guise de conclusion, il a été rappelé par des intervenants ayants mené des projets BIM, que la production architecturale est une histoire d'hommes et que même avec des outils et des moyens en constante évolution, la coopération entre les hommes constitue le ciment de cette mutation en cours.

Espérant n'avoir pas trahi la nature des débats, je vous laisse réagir à ces aspects qui sont sûrement abordés partout en France et bien au-delà...