Bonjour Marc, vous êtes Directeur du Lab GSE Innovation numérique et environnementale chez GSE Group, pouvez-vous nous présenter votre parcours ainsi que le Lab ?

Je suis ingénieur diplômé de l’école Polytechnique. J’ai commencé ma carrière dans le développement de produits pour la construction chez Saint-Gobain avant de rejoindre le groupe GSE. Après une expérience en gestion de travaux puis en développement de concepts constructifs, j’ai repris l’innovation chez GSE en 2014 avec l’objectif de créer un pôle d’innovation basé sur les enjeux du bâtiment de demain : ces enjeux très ancrés dans le digital et la qualité environnementale des bâtiments nous a naturellement conduits vers la création du Lab GSE en 2015.

Nous avons démarré le Lab avec 1 BIM Manager et 1 ingénieur certification environnementale. Nous sommes aujourd’hui 12 personnes au sein du Lab pour piloter la partie opérationnelle numérique et environnementale des projets mais aussi pour continuer à développer nos méthodes et innover, notamment sur le thème du confort au travail avec des bâtiments de plus en plus conviviaux et connectés à leurs utilisateurs.

Comment le BIM a-t-il fait son incursion chez GSE ?

En 2014, poussés par nos actionnaires, nous avons senti qu’il était temps de se lancer dans le BIM pour prendre de l’avance sur nos concurrents. C’est d’ailleurs le BIM qui est à l’origine de la création du Lab. Nous avons donc eu une démarche très volontaire pour lancer plusieurs projets en BIM dès 2014 sans réelle demande de la part de nos clients. Nous avons intégré le BIM avec beaucoup de pragmatisme qui caractérise notre société et parce que les formations ainsi que les personnes formées en 2014 étaient très rares.

Nous nous sommes entourés d’experts en externe pendant 6 mois afin de prendre les bonnes décisions, notamment au niveau des outils, puis nous nous sommes lancés dans le développement de notre méthodologie (charte BIM, Conventions BIM, Gabarits….). Nous avons recruté un expert et  plusieurs jeunes ingénieurs que nous formons au métier de BIM Manager et nous avons également entraîné dans notre sillage un certain nombre de partenaires (Bureaux d’Etude, dessinateurs, entreprises travaux) pour qu’ils développent le BIM avec nous sur nos projets pilotes, conscients que nous ne pouvions pas faire un BIM efficace seuls dans notre coin.

Nous sommes aujourd’hui fiers de pouvoir revendiquer une dizaine de maquettes BIM DOE livrées avec nos bâtiments et 5 BIM Managers au sein du Lab pour accompagner plus de 20 projets gérés en BIM selon les méthodes développées par GSE depuis 3 ans.

 

Un des métiers principaux chez GSE est l’industrie, servez-vous du BIM dans ces projets industriels y compris des usines ?

En fait, le métier principal de GSE est la construction de bâtiments logistiques (environ 50% de son chiffre d’affaire) et c’est sur ce type de bâtiment que nous avons démarré le BIM. Ces bâtiments sont en réalité un peu plus simples que des bâtiments industriels ou tertiaires et cela nous a permis de faire nos premiers pas en BIM. Depuis 2016, nous avons décidé de lancer la réalisation de nos projets industriels en BIM. Cela a beaucoup de sens car plus les projets sont complexes, plus le BIM va pouvoir trouver une rentabilité dans la seule phase de conception/construction. Les clients industriels sont par ailleurs bien plus réceptifs à l’intérêt du BIM en tant que base de données exploitable et non seulement comme plans 3D.   

Nous avons aujourd’hui plusieurs projets industriels construits avec le BIM, notamment une usine agro alimentaire, deux centres techniques pour la SNCF et des laboratoires pharmaceutiques. Par ailleurs, les bâtiments logistiques que nous construisons ressemblent de plus en plus à des usines logistiques avec l’intégration de nombreux process automatisés que nous pouvons intégrer dans nos modèles BIM.

 

Vinci Construction a déployé récemment la réalité mixte sur la tour TRINITY avec BIM MY PROJECT, c’est un sujet sur lequel vous travaillez également pour amener les maquettes BIM sur chantier, pourriez-vous nous en dire un peu plus ?

Nous travaillons effectivement depuis plusieurs mois sur la Realite augmentée. Nous avons testé un Proof Of Concept avec le casque Hololens sur l’un de nos chantiers logistiques et avons lancé le développement d’un outil de contrôle de chantier en réalité augmentée avec une start up partenaire. C’est un outil qui sera opérationnel dès Janvier 2018 et que nous allons utiliser sur 3 de nos chantiers (industriel, tertiaire et logistique) en 2018.

Je crois personnellement beaucoup dans cette technologie (même si elle a encore besoin de progresser un peu) car c’est à mon sens la solution la plus évidente pour amener le BIM sur le chantier. Il y a déjà eu l’étape de remplacer des plans papiers 2D par un modèle 3D sur tablette pour faciliter l’accès aux informations sur le chantier. Mais superposer les plans sur la construction permettra de franchir une étape encore plus importante pour contrôler la réalisation, prédire les difficultés à venir ou même corriger les modèles numériques pour fournir un vrai modèle « tel que construit » 

 

Pourriez-vous nous parler de l’utilisation des maquettes BIM DOE sur tablettes ?

Le modèle BIM DOE fourni par GSE est un modèle concaténé de plusieurs maquettes BIM, réalisées avec plusieurs logiciels, sur lequel nous créons des liens entre les objets 3D et la documentation du DOE. Malgré le saut énorme déjà réalisé par rapport au traditionnel DOE composé de 20 à 30 classeurs papiers, il reste une étape importante à franchir : rendre ce DOE facile d’utilisation pour les exploitants.

La tablette est un outil assez extraordinaire pour ça pour au moins 2 raisons :

  1. Les logiciels sont systématiquement développés pour une navigation intuitive qui ne demande quasiment pas de formation pour l’utiliser (ce qui n’est pas forcément le cas, même d’un viewer BIM gratuit…)
  2. Le DOE numérique est stocké sur le cloud et accessible via login et mot de passe donc se retrouve très facilement quand on le perd. Mais il est aussi synchronisé sur la tablette pour pouvoir y accéder même sans accès internet.

Les difficultés rencontrées au début sur l’affichage de gros modèles complexes est en train de se résoudre à la fois par une amélioration des soft et l’arrivée de tablettes plus puissantes. De plus les outils utilisables sont développés par de jeunes sociétés très agiles, capables d’adapter rapidement leurs produits à un besoin client.

 

Quels sont les axes de développement prioritaires dans le futur chez GSE Lab ?

GSE continue de développer sa méthodologie BIM en conception / construction car les outils ne cessent d’évoluer et apportent constamment de nouvelles solutions. Mais un axe de développement, qui se révèle être une tendance forte du marché, est de livrer des bâtiments favorisant la convivialité et le confort au travail.

Pour cela, nous travaillons beaucoup sur les ambiances intérieures et nous avons développé un configurateur temps réel d’aménagement intérieur en réalité virtuelle. Les clients de GSE peuvent désormais se projeter dans leurs bâtiments en réalité virtuelle et voir l’impact du choix de leurs finitions.

La convivialité et le confort au travail passe selon moi également par une meilleure connexion entre le bâtiment et ses utilisateurs. Nous regardons donc comment la maquette DOE sur tablette peut communiquer avec les nombreux capteurs des bâtiments et servir d’interface de pilotage ou d’accès à l’information pour l’ensemble des utilisateurs à travers un simple smartphone et des applications dédiées.

 

Quelle sera selon vous la prochaine grande révolution de la construction ? Le cloud ? L’industrialisation ? L’impression 3D ? La réalité virtuelle & augmentée.. ?

Conformément à mes réponses ci-dessus, je dirais la réalité augmentée. Le cloud est aussi un aspect révolutionnaire mais plus pour l’exploitation des bâtiments que la construction, à travers notamment l’IoT.

 

« Un dernier mot ? »

Je dirais que le monde du bâtiment a rarement vécu une période de transition aussi enthousiasmante et que GSE continue de recruter au sein de son Lab pour accompagner ses futurs changements.