Notre rendez-vous mensuel "Parlons BIM" continue, pour cette édition notre confrère Jérôme Cornu a eu le plaisir de rencontrer et d'interviewer Jean-Baptiste VALETTE, la référence du BIM chez Vinci Construction France, nous découvrirons ensemble son parcours, son équipe, les solutions (logiciels) BIM retenues dans leur service, nous découvrirons de plus près le BIM chez Vinci Construction France et les principaux projets notamment Cité des civilisations du vin à Bordeaux, et pour finir des conseils pertinents pour réussir un projet en BIM.



Chefs de service chez VINCI CONSTRUCTION FRANCE, à la tête du service Ingénierie et Modélisation des Projets dédié exclusivement au BIM et des technologies numériques liées au sein de la direction technique Structure Ingénierie Innovation, pouvez-vous nous parler de votre service et de ses missions ?


Nous avons 5 missions, qui sont chronologiquement :

 

Vous êtes entouré d'une équipe multidisciplinaire et multiculturelle, quelles sont leurs principales compétences ?

Nous faisons dans notre service environ 70% de développement et 30 % de prestations, les principales compétences de mon équipe sont :

Avant nous réalisions des prestations de modélisation sur projet, maintenant nous réalisons principalement des kick-off. Nous assurons ensuite une phase de transfert de technologie accéléré pour faire modéliser les filiales, nous sommes ensuite là en support uniquement, et pour la formation.

Il y a environ 80 personnes qui utilisent Revit régulièrement dans leur métier, étude de prix, méthode ou structure sur 250 personnes de méthodes et structure. Si l’on considère l’ensemble des utilisateurs on arrive à 150. Le nombre de personne qui modélise sur Revit, et donc qui peut potentiellement faire du BIM, et en forte progression chez VCF. De plus, nous voulons développer les TP et d’autres sujets, mais nous sommes le seul centre de compétence BIM opérationnel de Vinci, et donc nous accompagnons les autres entités comme Energies ou TP.

Jean-Baptiste, quel a été votre parcours au sein de Vinci pour arriver au poste de Chef de service – IMP ?

Je suis entré chez Vinci en 2008 en TFE, stage de fin d’étude, avec deux missions analyser si la 3D et la maquette numérique peut changer le TP/GC, et pour optimiser un produit de logement particulier et développer son utilisation pour lequel j’ai développé un « proto-BIM « dédié sur SketchUp afin d’aller au moins jusqu’au dépot de PC sans risque.

Puis, j’ai commencé à réaliser des pilotes tout en assurant la direction de la partie expérimentale du projet de recherche COMUNIC. Enfin j’ai proposé un business plan sur 10 ans pour faire passer VCF au BIM.

Avec une collaboratrice, j’ai participé à la phase expérimentale de Communic, préliminaire de MINnD. On a testé Revit, Tekla et Allplan et Archicad sur différents projets pour voir les possibilités que nous offrait chacun des logiciels. Nous sommes d’abord partis sur Allplan en 2011. Nous faisions essentiellement des prestations, des démonstrations, et de la configuration pour les méthodes et les études de prix.

Le Business plan se mettait bien en place, et la direction nous a fait confiance. Nous sommes alors  passé de 2 à 6 personnes, et avons développé les prestations pour faire grossir l’équipe et avoir un bras de levier en mode Projet et en Développement. Nous avons aussi commencé à travailler sur des projets d’envergure. Parallèlement nous avons atteint certaines limites avec Allplan et avons progressivement migré vers Revit. 

En 2014, VCF démarre le BIM « ensemble dans un processus », ce que l’on pourrait qualifier de niveau 2, et avec Revit pour tout VCF au niveau Bâtiment standard (60% du CA).

VCF est l'un des grands acteurs BTP engagés dans le BIM, à travers ses projets d’envergure, ton engagement dans différents évènements et groupes de travail, quelle est votre contribution au mouvement BIM en France en tant qu'entreprise générale ?

Tout d’abord nous fournissons les gabarits et apprenons à les utiliser aux architectes, aux BET et sous-traitants avec lesquels nous travaillons. Nous faisons aussi de la post-formation, et servons support aux projets, une sorte de hotline interne et parfois externe.

Si dans nos marchés nous avons des intervenants qui ne peuvent travailler sur la maquette numérique, nous pouvons fournir une prestation de modélisation, et il se charge de vérifier et viser. 

Nous apportons les outils, la méthodologie, mais ne faisons pas leur travail, pour des raisons de savoir-faire et d’assurance.

Mais nous sommes aussi en veille et à l’écoute, nous réunissons des fournisseurs pour partager notre besoin en termes de composant 3D et de métadatas, ce qui nous permet de faire évoluer nos familles.

Nous faisons aussi le pont entre promoteur/client et mainteneur, par exemple sur l’Ilot Fontenoy Ségur, nous avons fait le pont entre la conception / l’entreprise / et la maintenance.

 

Quels sont les principaux ouvrages réalisés par VCF en BIM Management, sur la base d'une maquette numérique et dans quelle phase ?

Nous avons des projets de grandes ampleurs pour lesquels nous avons travaillé en BIM, à différents niveaux, comme par exemple Ilot Fontenoy Ségur, la Tour D2, ou encore la Cité des Civilisations du Vin. Mais nous mettons en place le BIM sur des projets plus modestes comme le projet Terralia Pantin, Habitat76 à Rouen ou des agrandissements de centres hospitaliers dans le nord.

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Cité des civilisations du vin à Bordeaux - X-TU

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Rue du lieux de santé (Habitat 76) - CBA

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Tour D2 - Anthony Béchu & Tom  Sheehan

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îlot Fontenoy-Segur - Braun FS

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Terralia - Téqui architecture

Vous avez du assister à plusieurs évènements BIM dans le monde où vous avez constaté l'avancement des différents pays. Comment se positionne la France par rapport aux Etats-Unis, Australie, ou plus proche de nous nos voisins Européen ?

Pas si mal, il est vrai que nous avons certaines difficultés à communiquer, et que nous sommes moins structuré que nos voisins outre-manche, mais la France est en ordre de bataille, et depuis BIM World nous voyons émerger une vraie émulation autour du BIM. Il est vrai que les anglais sont en ordre de bataille depuis 5 ans, et qu’ils ont mis en place un plan Marshall dès le départ. Ils sont passé de la 2D, à la 2D normé cadré, à la 3D, à la 3D normé cadré, puis au BIM chacun dans son coin, et enfin au BIM normé cadré.

Les pouvoirs publiques français ne s’engagent pas techniquement. En effet, il n’y aurait pas d’échéance 2017, mais une forte incitation à recourir au BIM, à l’inverse des anglais. Vinci n’a pas attendu d’avoir une échéance pour développer le BIM, mais a compris que c’était un outil qui industriellement permettrait d’être compétitif. Nous avons donc mis les moyens en place pour développer le BIM en interne. D’ailleurs, les bailleurs sociaux commencent réellement à s’orienter vers le BIM, ce qui va tirer la profession de la construction vers le haut. 

 

Vous êtes le service référent qui apporte les solutions liées au déploiement de la maquette numérique dans les différentes structures VCF, le choix des outils et logiciels était probablement parmi les premiers sujets traités, quels étaient vos critères et qu'avez-vous retenu finalement ? Quel sera le logiciel, ou la combinaison de logiciel, "idéal" pour le BIM selon vous ?

Suivant les besoins la suite logiciel pourra être différente :

Avec en amont ou pour des croquis de détails, SketchUp, et en aval BIMSight pour collaborer.

 

Quel est ton conseil pour les entreprises qui veulent mettre en place la maquette numérique pour leurs projets ? A partir de quelle taille de projet la maquette numérique sera utile et nécessaire ?

Tout dépend comment on appréhende le chantier. Pour une PME, si elle n’a pas de temps, pas d’archi, mais connait les besoins du client, pour n’importe quelle taille de projet, ça vaut le coup de commencer sur Revit ou SketchUp, en mettant les matériaux, les propriétés IFC, etc… Cela permettra de communiquer avec le client sur un support qu’il comprend, d’avoir des quantités, et éventuellement sortir des plans pour le PC. Ca permet de cadrer et planifier le projet, car entre ce que l’on conçoit et ce que l’on dessine, le client ne comprend pas de la même manière. 

On peut commencer à 200K€ pour les maisons industrielles, et 500K€ pour les projets bâtiments.

 

Mohamed avait l'immense plaisir d'inviter l'ensemble de votre service au pré-lancement de hexaBIM, ils étaient les premiers à rejoindre la communauté hexaBIM, un grand merci à eux. Vous avez eu l'occasion de nous visiter par la suite. Que pensez-vous de cette communauté aussi virtuelle que réelle ? Recommanderiez-vous à vos collaborateurs de nous rejoindre ?

C’est un très bon réseau qui se met en place. Je suggère qu’il faudrait structurer les propos par thématique, par métier, ce qui faciliterait la recherche et l’échange pour le futur.

 

Un dernier mot pour la communauté Hexabim ?

Je souhaite une longue vie à ce blog qui permet de faire évoluer la communauté des BIMeurs.


Un grand merci à Jean-Baptiste et Jérôme pour cette interview exclusive, nous vous souhaiterions plus d'évolution et à Vinci Construction France pour faire avancer le BIM en France.

Nous serons ravi d’accueillir vos collaborateurs des différentes filiales de toute la France, n'hésitez pas à nous rejoindre !

Nous retiendrons avec intérêt votre suggestion pertinente pour la structuration de hexaBIM par thématique et par métier !

 


Jérôme Cornu | BIM partners
Jean-Baptiste Valette | Vinci Construction France