Selon le baromètre du PTNB réalisé en 2017, une progression de 8% d'adoption du BIM a été enregistré ! plus d'appels d'offres enregistrés cette année également. C'est l'année de la maturité BIM avec une prise de conscience globale notamment chez les maitres d'ouvrages avec l'adoption du DOE numérique. Une année marquée par l'explosion des plateformes BIM et la création de nombreuses startups, 2017 a pris fin avec la signature d'une cinquantaine organismes de la charte d'engagement volontaire visant à généraliser l'usage du BIM d'ici à 2022 comme indiqué par Souheil SOUBRA dans son témoignage ci-après.

Et 2018 alors ? Sans contestation elle sera l'année des innovations et de la démocratisation de technologies satellites du BIM : mobilité, Data Analytics, cloud, réalité virtuelle et augmentée, chantier digital et connecté, Generative design ainsi que d'autres innovations à découvrir certainement !

On aura probablement une désillusion engendrée par des attentes trop fortes d'un coté comme signalé gabriel CASTEL, une stabilité avec un gain de compétence et plus de retours d'expérience. Le BIM occupera plus de terrain en 2018 et sera présent dans toutes les phases de construction sans exception, avec un accès à l'information pour tous les acteurs d'un projet à travers des vues métiers. Plus d'exploitation des données de la maquette numérique avec un enjeux de fiabilisation des informations échangées.

Voici les analyses et retours complets de nos 7 invités-experts au sujet du passage 2017-2018 ! Un grand MERCI à eux pour la pertinence des informations partagées.

Alexandre Cuvier - Président Fondateur de BIM BAM BOOM

2017 est l'année de la maturité en phase Conception, il y a une différence notable dans l'intégration du BIM au sein des projets par rapport aux années précédentes. Mais le BIM en 2017 c'est aussi chercher le maintien de celui-ci en phase chantier et mettre en place des nouvelles technologies en lien avec la maquette.

Pour 2018, au-delà des innovations technologiques qui continuent de monter en puissance telle que l'AR/VR, Forge, la digitalisation du suivi de chantier ou encore le Generative Design ; point de vue opérationnel c'est principalement les nombreux outils en cours de développement pour la phase gestion exploitation-maintenance-patrimoine qui retiendra toute notre attention.


Christophe LHEUREUX - Directeur délégué à l'Innovation et au Bâtiment intelligent chez Immobilière 3F

Les maîtres d'ouvrage sociaux se forment au BIM. En 2017, deux journées professionnelles organisées par l'Union Sociale pour l'Habitat et animées respectivement par Dominique Belargent et Cécile Semery ont réuni une centaine de participants à chaque fois. Cette même année, la fédération des Entreprises Sociales de l'Habitat, organisation professionnelle des sociétés anonymes d'HLM, à l'initiative de Julien Mestre, a commandé à Ponts Formation Conseil, filiale pour la formation continue de l'Ecole des Ponts, la formation de près de quarante chefs de projet BIM, autant de référents BIM qui auront à cœur de développer et d'accélérer le déploiement de la démarche BIM dans leur organisme.

Dès lors, et avec l'augmentation des livraisons des opérations conçues en BIM (les premières opérations pilotes lancées avec enthousiasme après la publication du rapport Delcambre vont bientôt être livrées) dont on espère qu'elles vont confirmer sans ambiguïté l'intérêt du BIM, les maîtres d'ouvrage vont chercher à en optimiser la valeur ajoutée pour eux-mêmes en exploitant les deux dimensions qu'il recèle : le BIM comme base de données technique du bâtiment, le BIM comme représentation 3D du bâtiment.

2018 verra augmenter le nombre de maîtres d'ouvrage qui vont se doter d'outil de « requêtage » des maquettes. La description du bâtiment à construire sous la forme d'une base de données va les conduire à vouloir exploiter la maquette en développant leur bibliothèque de requêtes pour contrôler la conformité des projets aux exigences programmatiques. Deux questions restent en suspens toutefois : la capacité des maîtrises d'œuvre à produire des maquettes de qualité, condition nécessaire à leur exploitation (voir le chapitre que je consacre aux erreurs de modélisation les plus courantes dans mon livre " BIM pour le maître d'ouvrage ") ; la capacité des éditeurs à bousculer l'actuelle position monopolistique de Solibri Model Checker.

Frustrés de la 3D sur un écran bureautique et déçus par conséquent de son faible interêt, une fois que l'effet de nouveauté est passé, de plus en plus nombreux seront les maîtres d'ouvrage qui s'intéresseront en 2018 à l'immersion virtuelle pour l'organisation des revues de projet, la réalisation de témoin virtuel, la tenue des réunions de chantier... Des préalables sont nécessaires : l'existence de prestataires et de technologies pour exploiter une maquette BIM et en faire une expérience de réalité virtuelle, dans un délai compatible avec le calendrier des opérations, pour un coût raisonnable d'une part ; la capacité des maîtres d'ouvrage ensuite à insérer ces méthodes dans leur process de production d'autre part.


Gabriel Castel - BIM Development Manager chez ALLPLAN

2017 a été l'année où l'ensemble du secteur a pris conscience des possibilités et des enjeux du BIM, un nombre d'appels d'offres « BIM » record et des acteurs de plus en plus nombreux pour expérimenter des échanges de modèles et appréhender la nécessité de gérer plus méthodiquement la production BIM des projets. On a aussi vu éclore en France la nécessité de valider la qualité des données échangées pour garantir la fiabilité des co-conceptions.

2017 a connu également une explosion des solutions de Réalité virtuelle et augmentée et du nombre de plateformes BIM, souvent portées par de nouvelles start-up comme l'a très justement fait remarquer HexaBIM.

Nous pouvons nous attendre pour 2018 à voir apparaître la « descente » de courbe de Gartner, la désillusion engendrée par des attentes trop fortes, ce en attendant de gagner en stabilité au fur à mesure du gain en compétence et de retours d'expérience mieux intégrés par les professionnels.

2018 devrait voir naître la norme ISO 19650 et ses premières applications structurées et structurantes pour les process de conception, execution et maintenance et nous devrions connaitre une explosion du nombre d'IDM (information delivery manuals) qui permettrons aux éditeurs de répondre au plus juste des besoins de leurs utilisateurs.


Jean-Baptiste VALETTE - Directeur Adjoint Ingénierie Avancée chez Vinci Construction France

2017 c'est l'année du Boum du BIM. Celles où les projets bourgeonnent et certains fleurissent plus ou moins rapidement. C'est aussi l'année où une partie du secteur prend conscience des enjeux du BIM, de « juste après le BIM » voire hypothétisent de l'après-BIM. C'est l'année où on remarquent le plus d'initiatives gouvernementales en Europe.

2018 sera surement une année de diffusion forte phase études et remarquable en initiatives chantier. 2018 sera résolument une année « Cloud » et de démocratisation de technologies satellites du BIM : mobilité, VR, AR, Data Analytics, … On peut espérer ce que soit une année où l'on remet le Projet au centre des débats et non les chapelles, car toute la profession à des bénéfices à tirer du BIM si et seulement si il devient réellement collaboratif dans son utilisation. Bref le 31 décembre n'est pas demain. 

« Let's go BIM and have fun and faith in your BIM in 2018. "


Luca DAL CERRO - Directeur des Opérations et du Développement BIM Factory chez  ENGIE

2017 fut l'année de la « Maturité BIM ». Un nombre important de concepteurs et d'entreprises ayant choisi depuis 2 ou 3 ans de « BIMER» leurs processus de production, ont désormais pu en tirer des leçons significatives. C'est l'année où nous avons été capable de chiffrer les « avantages du BIM» à partir de données concrètes disponibles sous la main. La théorie a véritablement laissé la place à la pratique. En 2017 plusieurs maîtres d'ouvrages ont opté pour une « bimisation massive» de leurs projets de conception et de réalisation. Ils commencent d'ailleurs à reconnaître l'intérêt d'une base de données construite grâce au BIM (DOE NUMERIQUE).

2018 sera une année charnière pour la valorisation de la donnée BIM. Le Bim se propagera tout au long de la « vie du bâtiment » et sera doté d'une capacité de réponse nouvelle en ce qui concerne la flexibilité et l'optimisation de l'ergonomie d'usage. Les projets CREM (conception-réalisation-exploitation-maintenance) joueront un rôle de locomotive. Je pense que nous allons intégrer l'idée d'un « BIM LIFE» intégrant le Bim Conception, le Bim Exécution et Bim exploitation-maintenance. La "VR" et l'immersion interactive à partir du BIM, dans la perspective d'une mise en situation proche du serious-game, seront de plus en plus demandés par les maîtres d'ouvrages.


Mehdi Halal - Gérant chez BIM Consult (Luxembourg)

2017 fut une année charnière au Luxembourg, avec la sortie du « Guide d'application BIM Luxembourgeois », premier document référence national, publié par le CRTI-B. Ce guide présente les concepts fondamentaux du BIM mais aussi les étapes clés d'un projet BIM. Il contient en particulier un travail sur le « GID », le niveau de détail développé au Luxembourg. Ses trois composantes, la Géométrie, l'Information et la Documentation sont définies pour plusieurs familles d'ouvrages et pour chacune des phases clés du projet. Le but est de fournir un cadre de référence, de guider sans contraindre. L'année s'est terminée sur l'évènement BIMlux2017, au cours duquel divers retours d'expériences ont été présentés, dont ceux de projets pilotes Luxembourgeois. L'intérêt montré par les représentants du secteur de la construction au Luxembourg lors de cet évènement laisse présagé que 2018 sera forte en initiatives et en concrétisations du côté du BIM.


Souheil SOUBRA - Directeur Technologies de l'Information chez CSTB

Comme l'a montré le baromètre du PTNB, l'année 2017 a été marquée par une progression de l'utilisation du BIM dans le secteur de la construction (+8% en un an). Elle a été aussi marquée par la signature d'une cinquantaine organismes de la charte d'engagement volontaire visant à généraliser l'usage du BIM d'ici à 2022.

En 2018, les acteurs iront de plus en plus vers un BIM réellement collaboratif avec des plateformes sur le cloud. Ces plateformes permettent d'intégrer la gestion du workflow avec les rôles et les responsabilités de chacun des acteurs. Certaines intègrent aussi des notions essentielles comme les vues métiers qui donnent à chaque acteur l'accès à l'information dont il a besoin pour mener à bien sa tâche. Ces mécanismes sont indispensables pour garantir la qualité de l'information échangée et supporter ainsi un déploiement à large échelle du BIM.