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Questions & Réponses

  dimanche 24 avril 2022
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Bonjour à tous,

Je suis nouveau dans le BIM on va dire et je dois rédiger une convention BIM.

Je suis en MOE et on a plusieurs métiers, moi je suis en génie civil et je vais utiliser Revit pour ce projet, et ce sera la maquette de base. D'autre métiers vont faire leur maquette sur revit, solidworks, E3D, Autocad (peut être)... pour ajouter les fluides, mécaniques etc.

Puis-je convertir les données de ces différents logiciels en IFC et les importer sur ma maquette principale Revit pour analyser les impacts/clashs? Ou pour compiler tout ça dans un logiciel de coordination et faire du BIM il faudrait utiliser naviswork manage par exemple?

Pour la sortie des livrables :
- plans 2D: chaque métier produit les plans avec son logiciel de prédilection je suppose, après que le BIM management a validé que la maquette numérique est ok
- maquette numérique: si le client souhaite simplement une maquette numérique (sans spécification particulière), puis-je fournir un fichier naviswork?

Cordialement
Bonjour Xavier,

Ce n'est pas une tâche pour laquelle il est envisageable d'improviser.
La convention BIM est écrite par le BIM Manager et en concertation avec tous les membres du groupement. Celui qui la rédige sait mieux que personne de quoi il en retourne ; les engagements de chacun, les responsabilités de chacun, les d'informations à traiter par phase et par membre du groupement, etc.

Manager le BIM c'est manager aussi l'interopérabilité. S'il s'agit de manager des échanges de fichiers aux formats propriétaires alors il ne s'agira plus de BIM au sens où les normes et méthodes de conception ne seront ni universelles ni pérennes. Il faut commencer par dissocier la notion de fichier de travail du fichier livrable. Lorsqu'il y a management BIM il y a gestion des échanges de fichiers type livrables BIM et donc les fichiers propriétaires en sont exclu. Reste à définir la méthode avec les autres membres du groupement et de la rédiger au sein de la convention BIM qui est un document contractuel.


Christophe FORTINEAU
Consultant, formateur et AMO BIM
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Je suis globalement d'accord avec les propos de Christophe Fortineau. Mais, je profite de cette discussion pour glisser quelques avis personnels (un avis étant toujours personnel de toute façon) et précisions, notamment sur le cadre normatif et règlementaire du BIM.


I - Circonspection et rédaction de convention
Vous dites devoir rédiger la convention BIM, mais vos propos semblent sous-entendre qu'il y a un BIM manager sur le projet. Or, c'est le job du BIM manager de la rédiger, et comme le dit Christophe Fortineau à juste titre, ça ne s'improvise pas.

On n'apprend pas à maitriser les concepts d'un processus BIM en même temps que l'on rédige une convention BIM. Car savoir ce que ce document doit inclure et comment adapter son contenu à chaque projet signifie que son rédacteur connait déjà les réponses aux questions que vous posez ici.


II - Réponses aux questions

IFC autres formats d'échange
Puis-je convertir les données de ces différents logiciels en IFC et les importer sur ma maquette principale Revit pour analyser les impacts/clashs?

Vous pouvez récupérer des IFC de chaque logiciel, mais ce n'est pas toujours le format le plus adapté.
Non pas que l'export IFC ne fonctionne pas toujours, mais dans certains cas, il y a un peu plus efficace, notamment pour la détection de collision.

Par exemple, les logiciels industriels tel Solidworks ne se comportent pas de la même manière que les logiciels bâtiments. Il n'est pas rare de voir le modèle issu du logiciel industriel s'insérer dans le mauvais sens dans le logiciel bâtiment. Cela vient de l'orientation par défaut du repère général.
Dans Solidworks toujours, il peut être préférable de générer un fichier SAT grâce à la commande Export AEC. Elle permet de limiter les objets à exporter (exclure les objets de petite taille comme des boulons par exemple), de définir le point l'insertion de la géométrie, et de définir l'orientation du repère local, pour que le fichier SAT s'insère de manière correcte dans les logiciels bâtiment ou dans les logiciels de revue de projet.

Collisions
pour compiler tout ça dans un logiciel de coordination et faire du BIM il faudrait utiliser Naviswork manage par exemple?

Vous pouvez réaliser les détections de collisions dans Revit, mais il est bon de privilégier un logiciel de revue de projet dédié, qui propose un historique et un suivi des détections de collisions. Un logiciel comme Navisworks ou BIM vision et ses greffons peuvent répondre à cette mission.

Sortie des livrables
plans 2D: chaque métier produit les plans avec son logiciel de prédilection je suppose, après que le BIM management a validé que la maquette numérique

Alors non, pas vraiment. ou alors je n'ai pas compris ce que vous souhaitez expliquer.
En pratique, les entreprises/BE produisent leurs maquettes respectives, les coordinateurs internes à chaque agence contrôle leurs maquettes respectives, puis les transmettent au BIM manager. Et seulement à ce moment, le BIM manager réalise un contrôle général des maquettes.

maquette numérique: si le client souhaite simplement une maquette numérique (sans spécification particulière), puis-je fournir un fichier Naviswork?

Cela dépend que ce que le client souhaite en faire. Il a beau "ne pas avoir de spécification particulière", il ne la demande pas totalement pour rien, ou pour faire beau dans une archive numérique.
Définissez avec lui ce qu'il compte en faire et cous saurez quel type de fichier transmettre.


III - De l'appel aux normes et de leur usage

Les normes BIM
Je reste profondément en désaccord avec Christophe Fortineau quant à toutes ses réponses dans lesquelles il établit que "les fichiers propriétaires sont exclus des livrables BIM", ou qui peuvent laisser entendre que faire du closeBIM comme on en parlait il n'y a encore que 2 ou 3 ans, n'est "pas faire du BIM".

S'il s'agit de manager des échanges de fichiers aux formats propriétaires alors il ne s'agira plus de BIM au sens où les normes et méthodes de conception ne seront ni universelles ni pérennes

Je radote, Pardonnez mon grand âge ;) , mais le BIM n'est ni un format d'échange interopérable ni une ou plusieurs normes. C'est un processus de travail.

- Il s'appuie certes entres autres choses, sur des formats de fichiers interopérables et des normes, mais aucun de ces éléments ne définit le BIM ; ils y contribuent seulement.
- Une norme n'a rien d'universel : Combien de normes existe-t-il qui se veulent "universelles" mais se retrouvent adaptées à un pays ou un domaine d'activité, voire même à un projet ? Respectons-nous nous-mêmes l'intégralité du contenu des normes qui régissent nos activités ? Les connaissons-nous seulement ?
- Par ailleurs, il n'est pas impossible, et non moins "BIM", de fournir un livrable dans un format propriétaire. Nous sommes plusieurs à avoir rencontré des maitres d'ouvrage qui exigent des DOE dans un format propriétaire autant que possible (Revit, le plus souvent) car eux-mêmes travaillent avec ce format dans leurs services techniques, en phase de maintenance/gestion de patrimoine. Je ne parle bien sûr pas des MOA qui demandent du "Revit" sans trop savoir pourquoi, mais bien de ceux qui ont mis en place un processus interne basé sur ce format ! En terme de de facilité d'usage, on est quand même bien au-dessus des formats interopérables qui doivent être reconvertis, avec les pertes de données qu'on leur connait.

Formuler de manière naïve (et un peu provocante, je vous l'accorde :D), mais sur laquelle je suis sincèrement porté à débattre : Comment puis-je nommer le processus collaboratif rigoureux, qui respecte scrupuleusement une convention stricte et valide pour tout le projet mais qui ne fait appel à aucune des normes en vigueur (IFD, IDM, IFC, MVD, CDE, etc.), tout en basant les échanges de données sur des maquettes réalisées dans un unique format propriétaire (RVT) parfaitement et soigneusement renseigné, si je ne peux pas l'appeler "processus BIM" ?

La normalisation et le respect général des normes
Je rappelle s'il en est besoin que les normes ne sont pas de directives divines ou magiques, qui émanent d'une entité surhumaine et que nous devons suivre sous peine de désintégration. Les normes sont le reflet formalisé d'un consensus. Et je rappelle alors qu'un consensus n'est pas gravé dans le marbre et que les arguments qui le motivent sont en perpétuel changement.
Enfin, je rappelle que ces normes sont relativement récentes, au moins dans leur usage et qu'avant qu'elles ne soient réellement adaptées aux besoins factuels des humains qui font des trucs avec, il va falloir les mettre en pratique, les contourner, les "stresser", les amender, développer les technologies afférentes (oui, parce que l'IFC, le XML etc. c'est beau sur le papier seulement).
Pour terminer sur les normes, j'invite chacun, et surtout celles et ceux qui invoquent systématiquement les "normes BIM", à définir son propre rapport à la norme, à la loi, au règlement. il est bien beau de les invoquer à l'envi dès que quelqu'un s'enquiert de la "bonne façon de produire son livrable", mais sincèrement, vous les suivez tous les normes ? les règlements ? les lois ? dans le domaine professionnel ou ailleurs ?

En somme, c'est parce que l'on observe un comportement globalement consensuel ET que ce comportement doit être encadrer POUR gagner en efficacité que l'on rédige une norme, et non l'inverse.

Je termine cette partie en exposant les faits suivants :
- Plus il y a de normes, plus on prend le risque qu'elles ne soient pas ou mal suivies, voire inconnues des personne qui pourtant devraient y être soumises.
- Plus les normes et règlements sont astreignants, plus nous prenons le risque de voir les équipes s'en éloigner pour des raisons basiques, comme nous le rencontrons dans l'instauration et le respect des méthodes de gestion de projet agiles Andy Hunt, The failure of Agile.
- Les normes sont souvent absconses et fournies sans "mode d'emploi". Sans compter qu'en ce qui concerne le BIM, toutes ne sont pas traduites en français... et l'anglais n'est pas maitrisé par tout le monde.


IV - Interopérabilité, opensource, logiciel libre et propriétaire

L'interopérabilité
L'interopérabilité est, en informatique et de manière très vulgarisée, un ensemble de normes qui garantit la communication entre deux ou plusieurs solutions, issues de fabricants et d'éditeurs différents. Elle n'oblige en rien à utiliser un format spécifique opensource ou propriétaire pour faire communiquer deux solutions, et il serait tout à fait possible de gérer l'interopérabilité entre deux logiciels de CAO sans transiter par un format tiers dédié. Seules les API assureraient dans ce cas la communication bidirectionnelle entre les deux logiciels.
C'est une solution viable et le cas le plus flagrant à grande échelle est l'ensemble des normes gérées par l'UIT-T. Un autre exemple, beaucoup plus accessible ? Deux pour le prix d'un, vous pouvez ouvrir des fichiers DWG ou DOC avec d'autres applications que celles d'Autodesk ou Microsoft.

Les formats
- Le fait qu'un format soit opensource donne par définition accès à tout un chacun à ce code source et à ses règles d'usages. Cela permet de développer un logiciel qui saurait lire ce format, dès lors que nous avons des connaissances en développement informatique suffisantes.
- Cela dit, un tel format peut ne pas être libre pour autant. Auquel cas, le code est accessible mais payant. Ce qui freinerait un développement possible.
- Un format propriétaire est tel que le code source est sous licence/brevet donc totalement inaccessible en dehors de l'éditeur. Les éditeurs peuvent cependant permettre un développement tiers, via les API.

Quant à la pérennité, un format ouvert ne garantit pas beaucoup plus que dans 10 ans vous ayez toujours des logiciels qui lisent ce format. Et les logiciels phares de la construction sont implantés depuis des dizaines d'années et ne semblent pas vouloir partir en vacances.

Je termine cette partie sur le cas du format STEP, duquel dérive l'IFC. Ce format a été conçu et normalisé depuis des dizaines d'années, pour faciliter les échanges entre les logiciels de CAO de l'industrie comme Solidworks, Catia, TopSolid, proEngineer, etc. Le résultat, même en 2022, n'est pas probant, car il est assez mal implanté dans ces logiciels : le meilleur outil du monde peut bien exister, si personne ne sait ou ne veut l'utiliser, il reste un mauvais outil.


Comme je l'ai évoqué dans une discussion précédente, la technologie doit composer avec le facteur humain.
1 year ago
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#17449
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Merci pour vos réponses.
Xavier Benette marked this post as Resolved — 1 year ago
Mohamed KHETTAB
updated the category from to Collaboration, coordination et communication — 8 months ago
There are no replies made for this post yet.

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