On en revient surtout toujours à la même question : faut-il que la Maquette Numérique soit l'avatar exhaustif, tant dans la description graphique que sémantique de chaque objet, ou bien une représentation peut-elle rester relativement générale (tout en tenant compte des encombrements réels de l'objet) et être agrémentée des informations sémantiques idoines ?
Dans le domaine de la construction de logements, les escaliers préfa. sont largement utilisé. Ils seraient bien de pouvoir les trouver dans les différents formats des principaux logiciels BIM comme Revit, Archicad et Allplan.
Ne perdons pas de vue que Revit, Archicad et Allplan sont avant tout orientés architecture. Si Revit intègre des fonctionnalités de modélisation de structure et de réseaux CVC, plomberie et électricité, si Allplan propose des solutions dédiées au GO/préfa et si Archicad MEP Modeler permet la création de réseaux fluides dans une maquette Archicad, ils n'en restent pas moins des logiciels davantage tournés vers les architectes et les bureaux d'études MOE que vers l'EXE (OK, c'est moins vrai pour les solutions GO de Allplan).
Le flux de travail attendu du travail collaboratif est tel qu'en toute logique, c'est à la société qui produit une information de fournir cette information. Donc, si la représentation graphique doit être précise, est-ce dans ce cas à ce genre de logiciels de supporter cette précision ? Nous pouvons dès lors nous interroger sur l'intérêt de produire un modèle d'escalier réaliste sous Revit/Archicad/Allplan, si, au final, c'est au fournisseur de produire son modèle précis, quel qu'en soit le format de fichier. Fichier qui sera ensuite simplement inséré dans les trois logiciels cités ci-avant.
Formulé autrement, chercher a disposer d'une famille paramétrique au format .rfa (puisque c'est bien là le sujet de cette discussion) induit fatalement un aspect contreproductif dans le flux de travail : la ressaisie des informations. En effet, la société de préfabrication vous transmet les dimensions de son escalier préfa, calculé, tout bien fait, puis vous réinjectez ces infos dans votre propre escalier, dans votre modèle.
Et c'est sans compter deux problèmes majeurs :
Le soucis principal est que tu ne peux pas faire de famille d'escalier
Je ne renonce pas au format ifc qui est le format d'échanges standards. Il faudrait qu'il soit paramétriques car les projets "bougent" en cours d'études.
Ayez toujours à l'esprit que les logiciels ne parlent pas le même langage. Que chaque logiciel, en plus de son langage spécifique, possède sa propre logique interne. Ainsi, comme cela a été fait remarquer plus tôt dans la discussion, Revit ne permet pas la création de famille d'escalier (pas de fichier .rfa associé à la catégorie d'escalier). Il est possible de créer un fichier de famille (.rfa) dont le contenu ressemble à un escalier mais il ne sera pas affecté à cette catégorie, donc ne sera pas affecté à la fonction "Escalier" de Revit, et ne sera pas quantifié par défaut comme un escalier.
De plus, un escalier est un objet géométriquement très complexe. Créer une famille paramétrique qui permet la création de n'importe quel type et/ou forme d'escalier serait incroyablement compliqué et complexe. Sans parler des centaines d'heures qu'il faudrait pour produire cette famille/ces familles (car il en faudrait en réalité plusieurs pour couvrir un large panel de configurations). Et, qu'en plus, il y aurait toujours un petit malin pour estimer que "cette famille ne répond pas à mes besoins, etc."
Il faudrait encore que cet escalier, produit par exemple sur Revit, puisse être exporté sans problème en IFC pour être correctement injecté dans un autre logiciel puis modifié en fonction des besoins de ce nouvel utilisateur, avec son propre logiciel. C'est déjà très compliqué de conserver toute la dynamique d'un mur ou d'un sol d'un logiciel à un autre en passant par un IFC, alors un escalier, faut pas rêver.
Enfin, il faudrait y intégrer les garde-corps, notamment pour le cas de Revit, car un garde-corps peut être associé à un escalier. Mais cncore faut-il que cet escalier en soit bien un (cf. propos plus haut).
Multipliez cela par le nombre de logiciels pour lesquels vous voulez des formats natifs (et encore, en espérant que ce soit possible). Maintenant, si vous acceptez que votre prestataire Préfa vous vende des modèles 3D à 14000€ parce qu'ils auront du se former à la création de familles d'un niveau de complexité stratosphérique dans Revit, ou encore au langage GDL pour faire des composants dynamiques dans Archicad, pourquoi pas. Mais je gage que ce ne soit pas le cas de tous les acteurs de la construction.
Je me suis un peu éloigné du sujet de départ, mais avant de foncer tête baissée il serait bon de prendre du recul et définir des règles universelles et pérennes de travail. Bientôt en 2021, nous ne savons toujours pas comment travailler de manière collaborative et je vois que se posent encore les mêmes questions qu'il y a presque 10 ans, lorsque j'ai vraiment pris le train du BIM en marche. C'est désespérant.
Et je conclurai sur ce que je répète souvent : si nous voulons que le travail collaboratif et le BIM aient réellement un avenir, il serait temps de remettre les bœufs devant la charrue et non derrière.