Bonjour,
Je pense que nous sommes sortis du cadre temporel et pratique de la problématique, mais le sujet reste entier et intéressant.
En effet, "nous en sommes à la préhistoire du BIM", comme l'avait clamé un intervenant d'Aegis lors d'une conférence au BIM World 2018, de mémoire.
Mais bien plus que le BIM, c'est nous, utilisateurs, qui en sommes encore à la préhistoire de la technologie. L'usage que nous avons de nos outils super technologico-avancés me fait penser à cette personne qui s'achète un iPhone dernière génération à 1000€ pour tout juste savoir naviguer sur internet, prendre des photos en full-auto et passer un appel téléphonique, sans rien connaitre de son appareil. Ce dernier n'est alors finalement qu'une vitrine de la réussite sociale de son acquéreur, comme peut l'être un sac à main ou une voiture... Comme le sont nos axes de communication depuis quelques années à base de "BIM manager depuis 15 ans", "éditeur de logiciel BIM depuis 30 ans", "Modélisateur BIM chevronné depuis 10 ans" etc. Toujours ces durées extravagantes et peu réalistes pour un sou, dans bien des cas.
Car ces personnes ont confondu, entre vitesse et précipitation, la 3D et le(s) BIM, la gestion de projet et le management BIM. Je rajouterai que BIM est un acronyme incroyablement fourre-tout, qui n'a que le sens que chacun veut bien lui accorder, et par voie de conséquence, n'a qu'un sens propre marginal.
Beaucoup, donc, ont adopté ces dernières années la "mode du BIM", comme ils se parent de la superbe de leur smartphone.
Or, quels que soient les outils numériques utilisés, des scanners 3D aux engins de chantier programmés en passant par les objets connectés et une pléthore de logiciels tous soit disant plus performants et complets les uns que les autres, et tant que notre approche de la construction, de ses flux de travail, de la centralisation et structuration de ses données ne changera pas, il est vain d'investir dans des logiciels onéreux qui, au mieux, ne feront pas perdre de temps, mais qui représenteront une charge plus importante pour les finances de l'entreprise (un parfait exemple cité dans le précédent post). Et il est utopique dans cette situation de se projeter dans un avenir meilleur pour le domaine de la construction.
Avant de chercher à nous assister, voire de nous remplacer, par des outils que nous ne savons de toute façon pas utiliser comme il se doit, il est nécessaire de nous remettre en question, en tant qu'individus et animaux sociaux. Tout autant qu'identifier les dysfonctionnements actuels sur l'ensemble de la production et comprendre par quels mécanismes le secteur de la construction en est arrivé à la situation actuelle, pour mieux les corriger.
- Commençons par dépasser notre vision individualiste et évacuons nos à priori, notre incroyable capacité à reporter la faute sur les autres, à ne pas voir nos propres défauts et à concevoir le changement comme un gouffre financier et chronophage.
- Puis, recentrons-nous sur nos méthodes de travail et la vision que nous avons de ce qu'elles doivent être, sur les livrables que nous produisons et ce qui en fait de bons ou de mauvais livrables, avec un peu plus d'arguments et d'objectivité que les Inconnus et leurs chasseurs.
- Amorçons des réflexions de groupe, entre collaborateurs, associés, partenaires etc. sur la finalité que nous souhaitons atteindre par le biais du BIM, dans un contexte donné.
- Définissons au sein de ce collectif, les ressources à disposition (matérielles, humaines, financières) et les termes associés (très court, court, moyen, long)
- Enfin, une fois que les buts, leurs objectifs chiffrés et les ressources actuelles sont établis et verrouillés, recherchons quelles ressources actuelles ou nouvelles permettent de répondre de la manière la plus pérenne à ces buts et objectifs. C'est donc seulement à ce moment qu'il est temps de se poser la question du logiciel.
Un conseil dans ce genre de situation, surtout Si vous êtes indépendant : évitez de vous éparpiller. Je rencontre beaucoup de personnes qui se mettent à leur compte, et, la 3D aidant, ont dans l'idée de proposer à leurs clients la production des plans, des rendus, des pièces écrites et même parfois des visites virtuelles ou du suivi de travaux.
A moins d'avoir de longues années d'expérience sur l'ensemble de ces domaines, abstenez-vous. Le passage à la 3D ne rend pas magiquement toutes ces missions plus simples et rapides et vous aurez déjà beaucoup à faire pour maitriser vos nouveaux outils, sans avoir à vous rajouter de nouveaux métiers à connaitre.
Note annexe, @Alexandre rotier : Revit N'est PAS la continuité d'Autocad. Il faut vraiment se sortir cette croyance de la tête. Ce n'est pas parce que c'est le même éditeur que l'un et l'autre sont similaires.
Par ailleurs, si Autocad a été dès le début développé par Autodesk, Revit quant à lui a été racheté par Autodesk à un autre éditeur.